Quel est l’impact des médias sociaux sur la santé mentale des jeunes ?
Les médias sociaux: une croissance fulgurante
La croissance rapide des médias sociaux au cours de la dernière décennie a créé un tout nouveau moyen d’interaction humaine. Des plateformes en ligne telles que Facebook, Twitter et Instagram ont permis à des personnes de tous les coins du monde d’être connectées 24h/24 et 7j/7.
D’ici 2021, on prévoit environ 3 milliards d’utilisateurs mensuels actifs de médias sociaux. Les seules statistiques montrent clairement que les médias sociaux font désormais partie intégrante (et dans une large mesure, inévitable) de nos vies.
Avec une croissance aussi rapide, l’impact de ce phénomène nouveau sur la santé mentale des jeunes a attiré une attention considérable au cours des dernières années. La recherche a créé une vaste base de données probantes soutenant une association entre l’utilisation des médias sociaux et la santé mentale.
Bien que les études poussées à ce sujet soient toujours en cours, de nouvelles données factuelles ont brossé un tableau général des principaux impacts. La popularité des médias sociaux en tant que moyen de communication pour les jeunes doit être examinée avec soin, car elle pourrait en effet jouer un rôle plus préjudiciable que nous l’aurions pensé.
Problématique de la dépendance aux réseaux sociaux
Ce que l’on appelle « la dépendance aux médias sociaux » a été évoqué par une grande variété d’études et d’expériences. On pense que cette dépendance affecte environ 5% des jeunes et a récemment été décrite comme potentiellement plus addictive que l’alcool et la cigarette.
Sa nature “addictive” est dûe notamment au degré de compulsivité avec lequel ces réseaux sociaux sont utilisés. L ‘« envie » de consulter ses comptes peut être liée à la fois à la gratification instantanée (nécessité de ressentir du plaisir rapide et à court terme) et à la production de dopamine (substance chimique présente dans le cerveau associée à la récompense et au plaisir).
Le désir de « succès » de la dopamine, associé à une incapacité à obtenir une satisfaction immédiate, peut inciter les utilisateurs à actualiser en permanence leurs flux sur les réseaux sociaux.
Ce qui est dangereux avec cette utilisation compulsive est que, si la gratification n’est pas expérimentée, les utilisateurs peuvent intérioriser les convictions selon lesquelles cela est dû au fait qu’ils sont « impopulaires », « pas drôles », « mal aimés » etc.
Cet état d’esprit d’un utilisateur, qui l’incite à « rafraîchir » continuellement sa page dans l’espoir de voir qu’une autre personne a « apprécié » sa publication, contribue ainsi à valider la « valeur » et l’image qu’il se donne de lui-même.
Bien que ces perceptions ne reflètent peut-être pas réellement l’image de chacun aux yeux des autres, l’absence de gratification peut amplifier les sentiments d’anxiété et de solitude.
Une étude récente menée par l’OCDE, par exemple, a révélé que ceux qui utilisaient les médias sociaux de manière plus intensive avaient en moyenne une satisfaction de vie inférieure.
L’impact des médias sociaux sur le sommeil
À cette volonté de gratification instantanée s’ajoute l’impact négatif que ces plateformes peuvent avoir sur la qualité du sommeil. Les données d’études qualitatives ont montré que l’utilisation compulsive des médias sociaux peut nuire aux habitudes de sommeil et donc à l’efficacité des jeunes à l’école.
L’Université de Glasgow a constaté que les jeunes avaient du mal à se détendre après une utilisation des médias sociaux en soirée, ce qui réduisait la capacité de leur cerveau à se préparer à dormir.
La perte de sommeil est très liée à la santé mentale, car elle a un impact direct sur l’état d’esprit d’un individu. En d’autres termes, la perte de sommeil due à l’utilisation des médias sociaux la nuit peut entraîner une dégradation de la santé mentale.
Avec une santé mentale fragilisée, l’utilisateur utilise encore plus les réseaux sociaux pour valider sa « valeur » et impacte ainsi encore plus sa qualité de sommeil. C’est un cercle vicieux qui ne s’arrête plus.
La peur d’être laissé de côté, d’être oublié…
Les médias sociaux peuvent également accroître l’anxiété en augmentant la capacité des utilisateurs à se tenir au courant des activités de leurs cercles sociaux.
Le concept populaire de la peur d’omettre (FOMO) fait référence à « une crainte omniprésente selon laquelle d’autres personnes pourraient vivre des expériences enrichissantes qui nous sont interdites ou impossibles » et se « caractériseraient par le désir de rester continuellement connecté à ce que font les autres ».
FOMO a été associé à une utilisation intensive des médias sociaux et le résultat pour l’utilisateur est une faible estime de soi et une appréciation de la vie très limitée. Les jeunes deviennent plus conscients de ce qui leur manque, par exemple lorsqu’ils voient des photos d’amis s’amusant ensemble en leur absence.
La technologie de communication « toujours active » peut provoquer des sentiments d’anxiété, de solitude et d’inadéquation en mettant en évidence ces activités, obligeant les utilisateurs à rester continuellement engagés et à jour par crainte de ne pas être impliqués.
Les êtres humains sont des êtres sociaux qui souhaitent une interaction de groupe. Par conséquent, l’exclusion perçue peut avoir des conséquences psychologiques néfastes. En effet, des études menées aux États-Unis ont révélé une association solide entre une utilisation intense des médias sociaux et la « peur d’être oublié » menant à la dépression.
L’impression que les autres sont mieux
D’un autre côté, les plateformes en ligne peuvent également nuire au bien-être mental en suscitant des attentes déraisonnables. Les médias sociaux ont été liés à une mauvaise image de soi par le biais de la manipulation d’images sur des plateformes de partage de photos.
En particulier, la notion « d ‘image corporelle idéalisée » a sans doute été préjudiciable à l’amour propre de beaucoup d’utilisateurs, en particulier chez les jeunes femmes. La diffusion 24 h sur 24, 7 jours sur 7, d’images manipulées facilement favorise et renforce les attentes irréalistes quant à l’apparence et au comportement des jeunes.
Lorsque ces attentes ne sont inévitablement pas satisfaites, l’impact sur l’estime de soi peut être préjudiciable, et ce n’est pas un hasard si plusieurs études ont montré que 9 jeunes femmes sur 10 se disent mécontentes de leur apparence.
Conclusion: encore beaucoup de questions!
La montée des médias sociaux a été un phénomène fondamentalement multiforme, les statistiques suggérant qu’ils joueront un rôle de plus en plus dominant dans nos vies.
Les preuves suggèrent que l’utilisation des réseaux sociaux est fortement associée à l’anxiété, à la solitude et à la dépression. Qu’il s’agisse d’un lien de causalité ou simplement d’une corrélation, il faudra que les chercheurs en matière de santé mentale examinent le secteur des médias sociaux avec beaucoup de sérieux.
Entre-temps, nous devons réfléchir très attentivement à la manière dont nous pouvons gérer leur impact sur notre propre santé mentale et celle de nos enfants, en intégrant par exemple des « cours » sur les médias sociaux dans les matières obligatoires à l’école.