Les produits français face à une taxe d’importation de 100% aux États-Unis
Le mercredi 4 décembre 2019 à 14h35
Les produits français, y compris le fromage, les yaourts, le vin mousseux, les cosmétiques et les accessoires, pourraient être soumis à des taxes d’importation pouvant aller jusqu’à 100% par les États-Unis.
Cela toucherait l’équivalent de 2,4 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) de produits français, y compris des fromages comme le célèbre Roquefort, des yaourts, vins pétillants, cosmétiques et savons, maquillage et sacs à main.
Dans un communiqué publié cette semaine, le représentant des États-Unis pour le commerce (USTR) a déclaré: « L’USTR a pour objectif de lutter contre le protectionnisme croissant dans les États membres de l’Union européenne, qui visent injustement les entreprises américaines. »
Si les taxes devaient aller de l’avant, elles seraient précédées par une période de consultations publiques, ce qui signifie que les premières mesures entreraient en vigueur à la mi-janvier 2020.
La taxe GAFA
Cette mesure a été considérée comme une mesure de représailles vis-à-vis des projets français d’imposition des grands géants numériques (sociétés américaines incluses), au titre de la taxe dite GAFA (surnommée en tant que telle après Google, Apple, Facebook et Amazon), qui taxerait les sociétés numériques éligibles à hauteur de 3% de leurs activités en France.
La France a déclaré espérer que cette mesure soit temporaire, dans l’attente d’un accord international plus large sur le même sujet conclu par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE).
Mais en juillet, l’USTR a ouvert une enquête sur la taxe GAFA après avoir conclu que cette taxe serait préjudiciable aux sociétés américaines. La déclaration intervient également car les pays sont déjà impliqués dans un différend commercial au sujet de subventions européennes et de taxes « made in France » sur les importations du constructeur aéronautique basé en France, Airbus.
En réponse à cette déclaration, le groupe d’exportation de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS) a appelé à une « action urgente » face à ces « nouvelles menaces ». Au cours des 12 derniers mois, les vins mousseux ont représenté 40% des exportations totales de vin français aux États-Unis, pour un montant de 700 millions d’euros.
La FNSEA, un syndicat d’agriculteurs, a déclaré qu’elle ne « serait pas tenue en otage » dans le conflit.
Pourtant, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a déclaré cette semaine que la France ne « changerait » jamais ses plans sur la taxe GAFA, et a critiqué les États-Unis pour ne pas avoir travaillé sur un accord international concernant la taxation des grandes entreprises numériques.
M. Le Maire a déclaré que les menaces émanant de Washington étaient « inacceptables » et que l’UE pourrait exercer des représailles importantes si nécessaire.
Il a déclaré: « Ce projet simple, qui pourrait s’appliquer dans les 30 jours, pour de nouvelles sanctions contre la France, est inacceptable. Ce n’est pas le comportement que nous attendons des États-Unis envers l’un de leurs principaux alliés, la France et l’Europe en général. »
« La taxe française n’est pas discriminatoire. Elle concerne des sociétés américaines, mais aussi françaises, européennes et chinoises. Les États-Unis savent pertinemment que s’ils s’engagent dans une nouvelle série de sanctions contre la France, l’Union européenne sera prête à réagir avec vigueur. »
L’administration Trump n’a pour le moment pas fait mention de taxes supplémentaires sur le vin traditionnel, considéré comme une exportation française clé.
En été, le président Trump avait déjà menacé de hausser les taxes à l’importation sur le vin français en réponse aux projets du GAFA et avait dénoncé « la stupidité » du président Emmanuel Macron.
Mais la déclaration de l’USTR intervient également la semaine de la rencontre entre le président Trump et le président Macron lors d’un sommet de l’OTAN tenu à Londres le mardi 3 décembre. Au cours de ce sommet, malgré des divergences d’opinion apparentes sur l’OTAN, les dirigeants ont semblé conciliants.
M. Trump a déclaré : « Nous avons un différend mineur. Je pense que nous arriverons à le surmonter. » M. Macron a déclaré: « Je pense qu’avec le président Trump, nous serons en mesure de régler cette situation. »