Trump propose des « combattants d’ISIS » à Macron

Trump propose des combattants ISIS à Macron

Le mardi 3 décembre 2019 à 17h24

Le président Donald Trump et le président français Emmanuel Macron ont tenu une réunion tendue mardi en marge d’un sommet de l’OTAN. Trump avait alors indiqué au dirigeant français qu’il pouvait lui envoyer des « combattants de l’État islamique » s’il le souhaitait.

« Voudriez-vous de beaux combattants ISIS ? Je peux vous les donner », a déclaré Trump avec un léger sourire lors de la réunion, qui a été retransmise en direct par les chaînes câblées. « Vous pouvez prendre tout ce que vous voulez. »

« Soyons sérieux », répondit sévèrement Macron, estimant que la plupart des combattants de l’État islamique venaient de Syrie, d’Irak et d’Iran et contestant le refus commun de Trump que le groupe terroriste ait été vaincu.

Trump s’est plaint que les pays européens ont refusé d’accepter les combattants ISIS capturés par les États-Unis.

Le président français a insisté sur le fait que le nombre de combattants européens de l’État islamique était une « infime » partie du problème global de la déstabilisation dans la région. Il était également catégorique sur le fait que le groupe terroriste n’avait pas été entièrement vaincu, une rupture avec une déclaration commune de Trump.

« Je pense que la priorité n°1, parce que ce n’est pas fini, est de se débarrasser d’ISIS », a déclaré Macron.

Tension palpable les jours précédents la rencontre

Si la réunion était tendue, les jours qui ont précédé la séance en tête-à-tête l’ont été également.

Un jour avant la réunion, l’administration Trump a annoncé qu’elle était prête à imposer des droits de douane de 100% sur le vin et d’autres produits en provenance de France en réponse à des plaintes concernant une taxe française frappant des sociétés de technologie américaines.

Une myriade de désaccords entre les deux dirigeants ont été rendus publics au cours de la réunion de 40 minutes, quelques heures après que Trump ait qualifié les critiques de Macron par rapport à l’OTAN « d’insultantes ». Le ton glacial était loin des accolades chaleureuses que les deux hommes ont partagé au cours des deux dernières années.

La question de la Turquie

Trump a souligné ses « très bonnes relations » avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan après que Macron eut noté les désaccords entre la Turquie et le reste de l’alliance sur leur définition du terrorisme.

« Je peux seulement dire que nous entretenons de très bonnes relations avec la Turquie et le président Erdoğan », a déclaré Trump à la question de la position de la Turquie au sein de l’OTAN. « Nous avons une très bonne relation. »

Macron intervint peu de temps après: « Nous avons perdu la coopération avec la Turquie. »

Le président français a demandé à Ankara « des éclaircissements » sur la manière dont le pays pourrait devenir membre de l’alliance de l’OTAN et acheter des systèmes de missiles russes S-400 malgré l’opposition de l’OTAN. Macron a également déclaré que la Turquie avait l’intention de « faire sauter » le sommet si les autres membres de l’alliance ne reconnaissaient pas le point de vue d’Ankara sur les groupes terroristes.

Lorsque Trump a laissé entendre que son prédécesseur, l’ancien président Obama, poussait la Turquie à acheter les missiles russes en refusant de vendre le missile Patriot à Ankara, Macron a répliqué, affirmant que c’était la « décision » turque d’acheter les missiles après que l’Europe eut proposé une autre option conforme à l’OTAN.

La question des taxes

Trump n’a pas voulu s’engager dans un accord visant à éviter que les droits de douane imposés par les États-Unis n’impactent fortement les importations de France. Il a exprimé sa frustration face à la taxe française, qui selon lui, cible les entreprises américaines.

« Ce sont des entreprises américaines », a-t-il déclaré. « Les entreprises de technologie dont vous parlez ne sont pas mes personnes préférées car elles ne sont pas tout à fait dans mon camp, mais ce n’est pas grave. Je m’en fiche, ce sont des entreprises américaines. Et nous voulons taxer les entreprises américaines. Nous voulons les taxer. Ce n’est pas à quelqu’un d’autre de le faire. »

Une réunion globalement très tendue

La réunion glaciale de mardi a mis en évidence l’évolution de la relation Trump-Macron.

Les deux hommes sont entrés en fonction à quelques mois d’intervalle et ont noué des relations étroites. Ils ont eu une poignée de main longue et intense lors de l’une de leurs premières réunions. Trump a ensuite invité Macron à la Maison Blanche pour une visite d’État.

Mais le président français est devenu plus franc alors qu’il cherche à s’imposer en Europe face à l’évolution des gouvernements et à l’imprévisibilité de Trump.

Mardi, il a réitéré ses propos controversés sur l’OTAN. Macron a déclaré qu’il était partisan d’une composante européenne plus forte de l’alliance et a convenu avec Trump que les États-Unis étaient surinvestis par rapport à d’autres pays.

« Lorsque vous parlez de l’OTAN, il ne s’agit pas uniquement d’argent », a déclaré Macron. « Nous devons définir clairement les principes fondamentaux de ce que devrait être l’OTAN. »